Créer une marque de pull recyclé est un challenge !

Une histoire de transmission et de partage autour du pull « made in France » (au Juste)

Interview des fondateurs d’au Juste : Gonzague Lablancherie & Violaine Lablancherie



Temps de lecture estimé à 5 minutes

« Nous avions rencontré Eloïse par le biais d’une amie qui travaille dans le secteur textile. Nous étions au tout début du projet et nous avons beaucoup apprécié l’approche très claire, rassurante, et éclairée de l’équipe. Rapidement, nous avons eu l’occasion de nous retrouver lors d’événements de mode éthique ou des réunions d’inspiration 😊»

Quand avez-vous créé au Juste et pourquoi?

Dès l'origine, nous avons eu comme objectif de créer une marque essentiellement fabriquée en France par convictions. Puis, nous avons commencé à nous documenter sur la mode en général.

créer marque pull

C’est là qu’on s’est rendu compte de l’impact énorme de nos vêtements sur l’homme et l’environnement. A partir de là, nous ne pouvions plus simplement créer une marque sans prendre en considération tous ces paramètres. Nous avons alors cherché un mode de production innovant, écologique et nous avons privilégié le textile recyclé encore peu répandu.

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Et le pull dans tout ça ? Tout simplement parce que c’est un challenge ! Le pull recyclé est un produit technique, compliqué à réaliser, presque artisanal. Mais aussi parce que cette solution nous a tout suite emballée, car elle colle parfaitement avec la manière dont nous avons été élevés ; faire du neuf avec du vieux, essayer de repenser ou réparer un vêtement plutôt que le jeter.

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Nous sommes tous les deux les aînés d’une famille de 4 enfants : 2 garçons/2 filles. C’est nous qui avions les pulls tout neufs en premier (on était chanceux mais il nous arrivait très souvent de récupérer ceux des grands cousins/cousines). Aussi, tous nos vêtements et plus précisément nos pulls, ont eu plusieurs vies : la première sur nos épaules puis sur celles des petits frères et sœurs etc. Ces valeurs de transmission sont une des raisons qui nous motive à penser des collections de pull les plus durables possibles.

Quels engagements souhaitez-vous valoriser?

Le vêtement recyclé n’est pas encore pratique courante, il nous tient à cœur de présenter le recyclé sous un jour contemporain et montrer qu’un pull en fibres recyclées à les mêmes qualités esthétiques et stylistiques que des matières neuves.

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Avec au Juste, nous proposons une autre façon de consommer aussi qualitative que d’autres marques qui se préoccupent de la manière dont leurs produits sont fabriqués.

Par quelles étapes êtes-vous passées pour créer la marque ?

La première étape a été de penser le produit, c’est-à-dire de sélectionner le mono-produit qui nous corresponde et qui soit en phase avec la volonté de la marque d’être sur un style tendance. Pour cela, nous avons élaboré des mood-boards en accord avec nos références.

Ensuite, nous avons recherché un fournisseur de fil recyclé en France qui accepte nos minimums de quantité.

Nous avons découvert un métier inconnu, la maille et le tricotage font appel à des savoir-faire techniques et il ne reste plus que quelques fournisseurs en France.

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Et pour rajouter un nouveau défi, nous devons composer avec les limites de la matière recyclée tout en faisant preuve de créativité (association de couleurs, formes de motifs, finesse et serrage etc.)

Quel a été votre cheminement personnel vers la mode éco-responsable?

Gonzague :

Je suis parti de zéro, j’ai totalement repensé ma manière de consommer.

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J’étais un gros consommateur de fast fashion il y a encore 1 an, je ne me doutais pas une seconde de l’impact que nos vêtements avaient sur le monde. J’aimais changer et racheter des vêtements peu chers et de mauvaise qualité.

Puis j’ai commencé à me renseigner et à regarder des documentaires, à lire des articles, des rapports, et je me suis rendu compte du vrai prix de mon mode de consommation, sur l’homme et l’environnement.

Aujourd’hui je fais attention à la provenance de mes vêtements, je ne m’achète plus que très peu de vêtements puisque je me suis rendu compte que j’en avais amassé un sacré paquet depuis de nombreuses années ! Je vais donc d’abord porter mes vêtements « fast fashion », puis je me dirigerai vers des articles plus éthiques et durables.

Violaine :

J’ai toujours aimé chiner des vêtements de seconde main, récupérer des pièces à droite à gauche, en dissimuler certaines dans mes placards d’une année sur l’autre pour me surprendre saison après saison. J’aime couper, reprendre et recoudre des pièces, cela pousse ma créativité. Pour moi, c’est une véritable alternative à une mode ultra-jetable et non personnelle.

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En revanche, les pièces basiques (t-shirt noirs / blancs) venaient souvent des enseignes de fast-fashion, mais aujourd’hui je fréquente plutôt les déstockages pour dénicher ce type de vêtements : on a donc du neuf, dont personne ne veut.

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Penser des vêtements dans des matières éco-responsables a été un grand pas en avant pour moi, puisqu’il s’agissait de conception pure. C’est donc encore plus stimulant.

Quelle mode/style avez-vous envie de défendre?

Une mode adaptable, composée de beaux basiques mixtes de qualité, pensée pour tous au style à la fois contemporain et citadin avec des coupes et des détails soignés.

Pour résumé, des produits fidèles et de qualité, avec du sens aussi.

Pour quel type de femme et d’homme?

Pour tous ceux qui souhaitent « consommer moins mais mieux » et qui privilégient une échelle de production un peu plus locale comme le made in France.

Nos valeurs, c’est l’échange, la transmission, sans distinction de genre. On imagine bien aussi s’adresser à des personnes qui sont sensibles à notre histoire et pour qui la proximité et la transparence d’une marque fait sens.

Quelle est votre inspiration mode du moment dans votre vie quotidienne (personnalité, créateur…)?

Tous les créateurs couture qui participent au mouvement de récupération du vêtement, au delà de l’utilisation de matières recyclés.

L’univers poétique autour de la conception d’un vêtement à partir de déchets nous parle beaucoup. Alors au-delà d’une mode "portable", nous aimons l’imaginaire et l’empreinte forte d’un créateur comme Martin Margiela. Un de mes premier « chocs » (c’est Violaine qui parle) il y a au moins 10 ans est Andrea Crews, elle récupérait des gilets très "bourgeoises" (les modèles femmes avec des boutons dorés), et les découpait pour donner naissance à une nouvelle pièce, et donc un nouveau style.

E. Tautz, designer anglais, est aussi très inspirant : une mode essentielle, des références naturelles, des matières nobles, brutes, des basiques renforcés par un détail ou une coupe stimulante.

Quelle est votre rituel beauté? / votre vêtement fétiche?

Rituel beauté :

Plutôt assez simple et sain :

Violaine : je suis fidèle au rituel de la douche à l’eau froid à la fin de chaque opération de lavage ! ça boost !

Gonzague : je pratique la course à pieds et je pars me défouler régulièrement sur les quais de Seine.

Vêtement fétiche :

Violaine : j’adore les Levis 501 que je chine régulièrement dans les friperies.

Gonzague : évidemment, mon vêtement fétiche l’hiver c’est un pull que je ne quitte jamais, (facile je sais mais c’est vrai). Je suis frileux donc au lieu d’enfiler plusieurs couches de vêtements je préfère avoir un pull bien chaud en laine.

L’été je porte quasiment tout le temps des chemises en lin. Hyper légère, cette matière se porte aussi bien la journée quand il fait chaud que le soir lorsque la température redescend un peu. Et en plus, c’est une matière végétale qui pousse majoritairement en France.

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