LINportant repense l'industrie du textile de demain : une coopérative pour relocaliser la production en grande série de t-shirts en lin bio
LINportant repense l'industrie du textile de demain
LINportant
Une coopérative pour relocaliser la production en grande série de t-shirts en lin bio
LINportant
Mondialisation à l’arrêt, économie en berne, quand cette crise sera terminée, notre rapport au monde aura changé. Nous espérons que ce changement intégrera ce qui pour nous est essentiel : la production et la consommation locales. Paul Boyer porte le projet LINportant : relocaliser toutes les étapes de la filière lin en France, premier producteur mondial de cette fibre naturelle, avec pour première mission la création en Normandie d’une usine de fabrication de t-shirt à destination des marques et des donneurs d’ordre engagés. Une campagne de crowdfunding accompagne la création de la coopérative - SCIC - et soutient le lancement d'un atelier de production près de Caen.
Peux-tu nous raconter la naissance du projet LINportant ?
Paul Boyer : Ce projet est le fruit d’une lente maturation. Je travaille dans la mode éthique depuis 2003, à l’époque les gens demandaient si le coton bio se mangeait (Rires)… En 2010, j’ai découvert le lin en Normandie où je venais d’emménager. Est venue ensuite l’Association Lin et Chanvre bio pour fédérer des agriculteurs qui voulaient cultiver du lin textile en agriculture bio avec des problématiques spécifiques et mettre en place la certification GOTS de bout en bout avec les acteurs de l'aval de la filière.
La France est le leader mondial de la production de cette fibre naturelle. Très vite, m’est apparue la nécessité de relocaliser certaines étapes, car les gens qui venaient vers l’Association Lin et Chanvre Bio pour la mode bio étaient les mêmes qui s’intéressaient à la relocalisation Made in France et au savoir-faire local. S’il y a une demande des consommateurs, on observe pourtant un manque d’acteurs industriels en France. Pour l’étape de la filature, nous avons approché Olivier Guillaume (PDG de Safilin, filature française délocalisée en Pologne) qui nous a expliqué les contraintes industrielles qui obligent une filature à un volume minimum trop élevé pour le seul lin bio.
Quelle est l'équipe au cœur du projet ? Pourquoi le statut de coopérative ?
P.B. : L’équipe au sens large c’est les +60 coopérateurs de toute la filière du Lin et du Chanvre bio, du textile, de la mode et de la société civile. LINportant est constitué sous forme de Société Coopérative d'Intérêt Collectif -SCIC-: l’intérêt collectif de la filière fait partie des clés de compréhension.
J’avais besoin d’avoir autour de moi un panel de professionnels capables de repérer rapidement les erreurs, avec une représentation de toute la chaîne de valeurs : Mathieu Grenier, agriculteur bio, Valentin Depestele qui dirige le teillage de Bourguébus, Joris Soenen de l'association lin et chanvre bio, Olivier Guillaume (filature Safilin), Philippe Chican, fabricant de machines de coupe textile, l’UIT Nord, Fédération Professionnelle du textile-Habillement avec Eric Mezin, Pascal Gautrand (Made in Town), Marion Lacaux de la marque engagée Splice, Sébastien Valoggia, business angel expert de la logistique et du e-commerce, Nicolas Crestin, auditeur CSR, et deux salariés, Morgane et moi-même, sous la Présidence de Myriam Conzett, spécialiste des structurations de filières.
Nous achetons nos fils chez Safilin et notre teinturier Sotratex est à Troyes .
Une coopérative, c’est une gouvernance circulaire. Une personne = une voix. Il n’y a pas de place pour la spéculation et la distribution de bénéfices aux actionnaires est strictement limitée par la loi, les bénéfices serviront d'abord à renforcer la coopérative et pérenniser l’emploi.
Quelles sont les avantages du lin ?
P.B. : Le lin, c’est beau, c’est solide et c’est une matière saine et écologique. Pour sa culture : Zéro OGM, Zéro déchet, Zéro nano-plastique, Zéro pesticides et une faible consommation de ressources. Le lin c’est aussi un puits de carbone.
Le lin textile nécessite de très bonnes parcelles agricoles avec un sol très profond pour une culture en rotation tous les 5-7 ans. En France, sur les 700 000 ha de terres emblavées régulièrement en lin en rotation avec d'autres cultures, seuls 0,2% sont cultivés en bio. Mais on observe une augmentation des conversions dans toutes les régions. La région IDF est très en avance avec 15% de son petit bassin linier en bio, suite à une demande de céréales bio en croissance constante. Un pourcentage supérieur aux chiffres nationaux où la bio représente en moyenne 10% des terres cultivées.
Il y a une demande fantastique pour la maille de lin. La Confédération Européenne du Lin et du Chanvre (CELC) fait un travail formidable d’accompagnement. Notamment en ce qui concerne les innovations dans l'offre de textile de lin pour l'industrie de la Mode. Sans oublier la certification de traçabilité et de qualité de la fibre avec European Flax® et Masters of Linen®. Fibre 4 saisons, le lin est thermorégulateur, offre un bon compromis entre fraîcheur et isolation (chaud en hiver et frais en été), respirant, aux propriétés antibactériennes reconnues.
Comment est construite la filière du lin en France ? A quel niveau LINportant intervient-il ?
P.B. : 85% du lin mondial pousse entre Caen et Amsterdam. Il s’agit d’une grande culture Ouest Européenne. La France en est le premier producteur avec 65% de la production mondiale de lin fibre.
C’est une culture très liée aux conditions pédoclimatiques par nature non délocalisable, aux savoir-faire transmis de générations en générations : sélection des semences, agriculture, rouissage, teillage, peignage, filature (européenne), tissage et tricotage, teinture, ennoblissement, coupe et confection, sans oublier le stylisme et le modélisme. LINportant intervient au niveau du tricotage de la coupe et de la confection.
En quoi votre solution est innovante et importante pour la filière ?
P.B. : Nous travaillons à la relocalisation de la fabrication de grandes séries. En France aujourd’hui, nous avons des ateliers qui travaillent de petites séries essentiellement pour le secteur du luxe. La production en très grandes séries est totalement délocalisée. LINportant propose un seul produit : le t-shirt en lin pour différents clients, des grandes marques à la distribution engagée… Nous allons également développer des modèles permanents proposés en marque blanche avec des couleurs intemporelles (blanc, noir, bleu marine, kaki, bordeaux, sépia…). Et des teintures certifiées par le label de référence du textile bio : GOTS.
Notre objectif : une capacité de production de 100 000 t-shirts par an à l’horizon trois ans.
Nous misons aussi sur l’éducation et la mise en valeur du savoir-faire sur le territoire en ouvrant nos ateliers au grand public.
Pourquoi lancer une campagne de crowdfunding ? Quel est ce projet ? Que va-t-il financer ?
P.B. : La campagne Ulule va nous permettre de faire connaître le projet, fédérer une communauté, démarrer la production et contribuer au financement de la mise en place de cette usine. A projet collectif engagé, financement participatif, c’est cohérent ! Aussi bien pour de futurs investisseurs que pour les simples citoyens qui peuvent ainsi précommander leur T-Shirt et soutenir notre action.
Où va-t-on pouvoir retrouver des T-Shirts fabriqués par LINportant ?
P.B. : Dans le réseau des marques qui nous confient leur production : le projet de LINportant, c’est d’aider des marques tout à fait « conventionnelles » à proposer un produit plus engagé, tout autant que des marques déjà très engagées vers l'éco-responsabilité qui souhaitent produire un T-shirt avec ces mêmes valeurs, comme par exemple la marque Caruus dès cette année2020.
LINportant, un projet déjà remarqué par les médias France 3 Normandie et M Radio. Avec des articles dans la presse locale, l’Agriculteur normand, le Boudoir Numérique…
0612944559
Site LINportant : https://www.linportant.fr
Campagne Ulule: https://bit.ly/2JegbGW
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